Les jeux et les jouets
En inuktitut, « il joue » se dit pinnguaqtuq. Le terme se compose du radical pi-, « faire » et du morphème –nnguaq qui introduit à la fois l’idée d’imitation et de distanciation, et que l’on peut traduire par « comme si ». « Jouer » pourrait ainsi se traduire par « faire comme si, imiter ». Le mot « jouet » est désigné par le terme pinnguaq « la réplique des choses ». Les jouets traditionnels inuit sont des miniatures d’objets du quotidien réalisées à des fins ludiques et pédagogiques à partir d’éléments que l’on peut trouver dans la nature. Aujourd’hui encore, les parents inuit encouragent ces créations et l’on voit très fréquemment, dans les familles, des traîneaux miniatures et autres modèles réduits. Leurs noms sont toujours formés à partir du nom de l’objet et du suffixe -nnguaq qui traduit l’idée de ressemblance à petite échelle.
Le peuple inuit est un peuple qui apprécie particulièrement les jeux et qui pratique de nombreux jeux compétitifs tels que la lutte corps à corps ou des jeux de balle ou encore des jeux de coordination et/ou d’adresse tels que les jeux d’osselets, le jonglage, le bilboquet et les célèbres jeux de ficelle. La plupart des jeux traditionnels inuit demandent de la force physique, de l’endurance et de l’agilité.
Les poupées inunnguat
Dans la tradition inuit, les poupées, appelées inunnguait c’est-à-dire « les répliques des humains » jouaient un rôle essentiel dans l’éducation des enfants et en particulier des petites filles. Autrefois réalisées à partir de matériaux naturels, elles permettaient, notamment, d’enseigner les techniques de confection et de décorations des vêtements mais également de reproduire les rôles sociaux. Aujourd’hui les artistes inuit qui réalisent des poupées veillent à les vêtir d’authentiques versions, à petite échelle, de vêtements traditionnels : vestes, moufles et kamiik (bottes) en peau.
Le jeu de ficelle ajaraaq
A l’aide d’une ficelle nouée de façon à former une boucle, les Inuit représentent des figures : animales (caribou, renard…), des outils du quotidien (la lampe à huile, la foëne, le harpon, les lunettes de neige…), des parties du corps humain (bras, bouche, anus…), ou encore des esprits. Dans les régions de l’Arctique central canadien, les jeux de ficelle étaient pratiqués tout particulièrement la première moitié de l’hiver, en période nocturne, alors que le soleil (Siqiniq, entité féminine) avait disparu. Ils étaient prohibés à partir du retour du soleil à l’horizon. Celui qui y jouaient en présence Siriniq risquait de lui infliger des coupures avec la ficelle et ainsi de la blesser.
Le bilboquet ajagaq
L’ajagaq est la version inuit du fameux bilboquet. Très répandu dans l’Arctique, il est fabriqué à partir d’un objet trouvé, ou fabriqué, comportant de petites cavités (crâne de petits animaux, bois de caribou évidé, etc.) relié à un stylet en bois, ou un éclat d’os ayant la forme d’une longue aiguille. Chez les groupes du littoral, il est souvent fait d’un humérus de phoque barbu qui comporte naturellement un trou. Le stylet se tient d’une main et l’os troué est lancé de l’autre. Ce jeu était pratiqué particulièrement au retour du soleil (dans la deuxième moitié de l’hiver), car il était réputé en favoriser l’ascension. Il était de fait complémentaire aux jeux de ficelle.
Les osselets inugait
Ce jeu consiste, à « pêcher », en un premier temps, les os dans un sac ou une moufle à l’aide d’un tendon muni d’un nœud coulant servant de ficelle. Il s’agit ensuite d’identifier chacun des os et de reconstituer la ou les nageoires. Une variante consiste ensuite à construire un iglou entièrement équipé abritant tous les membres de la famille. Lorsque le sac contient les os de plusieurs nageoires de phoque il est alors possible du construire tout un village.