Les Inuit et leur environnement
Pendant des millénaires, avant que les contacts avec les sociétés occidentales n’entraînent progressivement des changements considérables dans leur mode de vie, les Inuit dépendaient entièrement pour leur subsistance de la faune sauvage qui leur fournissait nourriture et combustible mais aussi matériaux pour la fabrication des vêtements chauds, des outils, des armes, des jouets et amulettes, ainsi que pour la construction des habitations et des moyens de locomotion. Outre leurs activités de chasse, les hommes participaient également à la transformation de matières premières en fabriquant des outils et des armes en os, en ivoire ou en bois de caribou.
Malgré un environnement qui pourrait sembler peu généreux en matières premières, les Inuit ont développé une culture matérielle très diversifiée. Ils ont élaboré une véritable « technologie du froid ». L’huile uqsuq extraite des mammifères marins était utilisée comme combustible pour les lampes qulliit, unique source de lumière et de chaleur dans l’iglou. La nourriture et les matières premières ont longtemps été exclusivement fournies par le gibier uumajuit, principal pourvoyeur en fourrure, peaux, tendon ivalu servant à la confection des vêtements mais aussi à celle des embarcations.
Les animaux pourvoient aussi les hommes en ivoire tuugaaq, en os sauniq, en bois de caribou et en corne de bœuf musqué najjuk qui entraient dans la fabrication des armes, des ustensiles et des outils. Aujourd’hui les Inuit utilisent ces mêmes matières comme matériaux pour la sculpture ainsi que la pierre ujaraq, notamment la stéatite qullisajaq, pierre tendre variant du noir au vert selon les gisements, et la serpentine, pierre calcaire très dure. Le bois qijuk est une matière première rare dans l’Arctique. Les armatures des embarcations et des traîneaux étaient traditionnellement construites avec du bois de flottage. Bien que le sol arctique soit riche en fer météoritique savirajaq et en cuivre, les métaux importés ont rapidement remplacé ces matières, difficiles à façonner, qui servaient à fabriquer des outils, des ustensiles et des armes.
Cependant, le mode de vie traditionnel des Inuit était entièrement fondé sur une exploitation mesurée du milieu naturel. La raréfaction du gibier, conséquence d’un changement climatique brusque, pouvait entraîner de grandes famines. Le régime alimentaire était constitué de viande de phoque, de caribou et de poisson, souvent consommée crue, fraîche, séchée ou gelée, mais aussi de baies, de plantes et d’algues. La nourriture était d’abord partagée entre les partenaires de chasse ou de pêche, puis distribuée aux membres de la famille nucléaire et de la famille élargie.
Les Inuit, qui se déplaçaient en groupes de quelques familles en fonction des migrations saisonnières du gibier, avaient une connaissance approfondie du milieu naturel. Ils savaient communiquer avec le gibier, placé au centre de leurs préoccupations religieuses.
Le mode de vie traditionnel des Inuit était entièrement fondé sur une exploitation mesurée du milieu naturel dont ils avaient une connaissance approfondie. Ils savaient communiquer avec le gibier, placé au centre de leurs préoccupations religieuses. Principal mode de subsistance, la chasse était aussi le principe organisateur de la société et du monde. L’accès aux ressources fauniques était notamment conditionné par le respect d’un code de conduite vis-à-vis des animaux (mais également entre membres de la société humaine). Celui-ci s’exprimait par l’obligation, pour les humains, de respecter de nombreux interdits et prescriptions (concernant tant les gestes et les pratiques que les pensées et les paroles) afin que les animaux leur offrent leur chair. Médiateur entre le monde des humains et le monde des esprits, le chamane était parfois sollicité pour garantir de bonnes chasses.